Deuxième partie de notre interview avec il maestro John B. Root. Retour sur ses premières scènes X, sur French Beauty, Xperiment, XYZ, et présentation de la structure JBR Média. En attendant la troisième (et dernière) partie... Lien(s) : - Explicite-Art : le site officiel de John B. Root - Explicite-Pass : le site Allopass de John B. Root Galerie(s) Photos : - 2eme galerie tirée du film Dis moi que tu m'aimes - Sharon Lee en double anale par Mike Angelo et Mickael Cheritto Vidéo(s) gratuite(s) : - Promo de l'inoubliable scene Sharon Lee en double anale! X-Intime - On va aborder maintenant quelque chose de plus léger : te souviens-tu de ta toute première scène porno ? X-Intime - Raconte ! John B. Root - Je n’ai pas commencé avec les films, mais avec un truc qui venait de débarquer sur le marché et qui était encore expérimental : les cd-roms interactifs ! A l’époque (ça ne dira quelque chose qu’aux geeks), nous étions en Quicktime version béta 0.8, ce n’était même pas Quicktime 1. Les ordinateurs avaient 128Ko de mémoire vive ! Le premier truc que j’ai fait était donc un cd-rom interactif en P.O.V qui s’appelait Virtual Escort. J’ai recruté les filles avec le minitel, qui n’existe plus non plus. J’ai donc recruté trois filles, et quand je me suis retrouvé avec la première… Je lui ai dit : « écoute, il faut que tu enlèves ta culotte et que tu te mettes un gode dans le ziguigui », j’en aurais fait pipi sous moi tellement j’avais peur de demander ça à une fille. X-Intime - C’était qui ? John B. Root - C’était la splendide… Euh… Arnaud, Magali (NDLR : il se tourne et crie vers ses collaborateurs), comment elle s’appelle, cette splendide métisse ? Elle s’est masturbé si fort avec un gode anal qu’elle l’a cassé dans ses fesses ! Mais moi j’étais mort de trouille à l’idée de demander à une fille d’enlever sa culotte, j’étais tétanisé. X-Intime - Tu as mis longtemps à t’en remettre ? John B. Root - Je n’avais pas trop le choix, je tournais trois jours avec trois filles, une fille par jour. X-Intime - A la troisième, ça allait mieux ? John B. Root - Oui, un peu mieux mais j’étais quand même péteux. Ca a commencé à aller réellement mieux quand j’ai fait mon premier film, Cyberix, dans lequel j’ai foutu trente personnes à poil. C’était un truc énorme, trente personnes qui baisaient chaque jour en continu. C’était un monstre, un truc gigantesque. C’était ça, en fait, mon film le plus cher, c’était mon premier film. X-Intime - Et la première scène où tu apparais ? John B. Root - Je ne suis jamais apparu dans les films, uniquement sur le site. Et encore on ne voit qu’une partie de moi : ma zigounette. J’ai fait ça à l’époque où ça n’allait plus du tout, je n’avais plus de filles, plus rien. On essayait de lancer ce site internet, la fille voulait bien faire un truc hétéro avec un garçon mais on n’allait pas faire venir un garçon juste pour une pipe vu que je payais déjà la fille pour une scène complète, et voila… Je l’ai fait une fois et je me suis aperçu que ça plaisait bien aux membres du site, cette espèce de proximité, de jeu. Du coup j’ai fini par en faire au moins une centaine. Là , ça fait deux ans que je ne l’ai plus fait parce qu’on a retrouvé un peu plus d’économies, donc je fais avec des garçons et moi je tiens la caméra. Et vous savez quoi ? Et bien c’est vachement plus simple que de tenir l’appareil photo, les flashs, la caméra et la zigounette en même temps. X-Intime - C’est aussi ce que nous disait Rico Simmons à propos des Aventures de Rico, que tu produits d’ailleurs. John B. Root - J’avais ma bite, et à côté le studio complet avec les problèmes de maquillage, de caméra… J’étais tout seul, excuse moi une seconde, je vais remettre le flash, voila on reprend, je me rallonge, je me retire sur la nouille, on va y arriver, t’affole pas… Le soir, tu as perdu un kilo ! Le problème c’est que je ne voulais pas renoncer à la qualité formelle des photos, je voulais que la fille soit belle et maquillée. On a réussi quelques jolis trucs comme ça, mais je ne le referai pas. X-Intime - Il y en avait une où tu échangeais ta place avec Sebastian Barrio et où tu avouais que ce n’était pas facile. John B. Root - Oui, on a fait quelques conneries avec Sebastian. On a fait aussi des trucs très mignons à cette époque là , notamment avec Astrée, mais on ne sait plus très bien où la vie privée commence et où elle finit. C’est assez mignon et ça a fait le succès du site au début. Tu regardes le site aujourd’hui, il est plus impersonnel. Enfin, il reste chaleureux, mais il n’y a plus ce jeu avec l’intimité. C’est plus classique. X-Intime - On trouve également tes longs métrages au téléchargement sur ton site ? John B. Root - Oui, on les trouve tous, mais en séquencés par épisodes, sinon ce serait trop long à télécharger. X-Intime - J’aimerais que tu nous parle de Xperiment qui est très original. John B. Root - J’aime bien Xperiment. C’était une idée de concept pour faire un film pas trop cher, sur une base de gonzo. C’est du beau gonzo, éclairé, filmé avec soin à l’aide de grosses caméras, mais c’est une base de gonzo. Je finissais de tourner le film Ally, je finissais un programme fou qui était Explicite, le programme hardcore en direct, je faisais Orgasmus 3, et je devais aussi tourner un porno pour Canal. Je me suis dit : « va pas te prendre les pieds dans le tapis, tu as déjà trois autres films en cours, c’est assez compliqué », et je voulais profiter des acteurs et des actrices avec un concept original. J’ai donc fait un film littéraire : le film te raconte des histoires et te montre autre chose. Et c’est de la collision entre l’histoire qu’on te raconte et les images qu’on te montre que nait une espèce de poésie. Une poésie noire, puisque c’est un film qui parle de la mort. Il y a trois ou quatre scènes de sexe dans ce film que je trouve vraiment jolies formellement. C’est un film qui a ses fans, qui trouvent ça génial et qu’il s’agit d’une autre façon de faire du porno, et d’autres qui n’ont pas aimé du tout. D’ailleurs, quand il a été distribué, Blue One n’était tellement pas sûr que les textes racontés intéresseraient les spectateurs, qu’ils ont proposé sur le DVD une version sans les textes. On peut donc l’écouter avec ou sans les textes. X-Intime - Ce qui est fort, c’est que devant le film, on finit par être plus excité par les textes que par les images, ce qui était une première pour nous. John B. Root - Tu sais, je l’ai fait aussi à cause d’une phrase que j’aime bien et qu’on dit souvent : « les garçons peuvent être excités devant un film de cul même avec les oreilles bouchées ; les filles peuvent être excitées devant un film de cul même avec les yeux fermés ». C'est-à -dire que les filles seraient plus auditives, seraient plus sensibles aux sons que les garçons. Et c’est absolument vrai. Quand les dialogues d’un film sont doublés et ne sont pas bons, c’est souvent une fille qui va te le dire. Xperiment, c’est donc un film que j’ai fait en pensant beaucoup aux filles qui sont très cérébrales dans l’amour. Et ces histoires là plaisaient beaucoup aux filles ; c’était pour beaucoup des histoires racontées par des filles, et elles se laissaient bercer. L’image, tu la laisses flotter et tu te concentres sur ce que tu entends. A ma connaissance, personne n’avait essayé ça auparavant et j’aime bien ce film là . X-Intime - Où trouves-tu ton inspiration ? Est-ce auprès de vieux films ou réalisateurs pornos ? John B. Root - Je n’ai pas tellement cherché d’inspiration dans le porno. Le porno, c’est souvent du sous cinéma. Même dans les années 70, c’était de bons techniciens mais ça ne veut pas dire qu’ils ont inventé des formes filmiques, tu vois. Ils ont repris des formes filmiques qui existaient et qui ont été inventées par des cinéastes traditionnels. Quand je fais un film porno, je me laisse plus porter par ma culture cinématographique que par le porno. Par exemple, dans Montre moi du rose, quand je tournais mes images, je pensais à Wenders, avec ses grands paysages larges, ou encore à Easy Rider. X-Intime - Dans French Beauty, ce serait plutôt Théorème de Pasolini. John B. Root - Oui, au niveau du scénario, il y a un côté Théorème. Pour les images c’était en revanche plus classique. Ce que je fais vraiment bien maintenant, c’est filmer les scènes de sexe. J’ai appris en seize ans à trouver les moyens techniques qui font que la scène de sexe est bien filmée, qu’elle ait de la gueule graphiquement, qu’elle dépote grave. Souvent, une scène de sexe est molle mais bien filmée. X-Intime - Tu parviens à faire du joli hardcore. John B. Root - Oui, du hardcore qui pète, mais qui formellement a un caractère. Ca c’est dur, car un acteur, une actrice, baisent bien pendant trois quarts d’heure. Après, ils commencent à fatiguer : la fille devient en papier de verre, le garçon doit s’astiquer pour remonter sa nouille, et la scène perd forcément de son intensité. Si tu tournes cinq ou six heures ta scène, elle va être très belle graphiquement mais au contenu sexuel un peu laborieux. Dans le gonzo, tu auras une très bonne scène de sexe, mais mal foutue. Il y a un équilibre à trouver pour faire du cinéma pornographique (NDLR : il insiste sur ces deux mots). X-Intime - Dans XYZ, les scènes me semblaient beaucoup plus figées, ce qui m’avait pas mal surpris. John B. Root - Ca dépend. Dans XYZ, les scènes sont très différentes les unes des autres. Il y a des scènes assez hiératiques, et il y a des scènes folles comme celle où Ksandra se tape Ian Scott et HPG par exemple. Il y a deux caméras et un montage de la mort qui va à toute vitesse, c’est clippé au possible. Puis il y a d’autres scènes qui sont effectivement plus carrées. Mais ça dépendait du moment où elles s’inscrivent. Une scène de cul, ce sont des personnages en situation et tu ne filmes pas de la même façon selon si le personnage est triste ou autre. X-Intime - Revenons à French Beauty… John B. Root - Ah j’ai d’ailleurs une nouvelle à vous annoncer : French Beauty va ressortir en complément du Hot Vidéo de cet été ! X-Intime - Pour nous, c’est peut être ton meilleur. On hésite entre French Beauty et Inkorrekt(e)s. John B. Root - Inkorrekt(e)s est effectivement mon film préféré par certains côtés. Mais on m’a beaucoup reproché dans ce film de ne pas avoir été généreux sexuellement. Le premier montage faisait deux heures et des poussières, les scènes de cul étaient longues. Je montais le film et je trouvais au fur et à mesure que l’on perdait la narration comme s’il y avait des coupures de pub dans le film. J’ai commencé à réduire les scènes de cul. Puis comme j’étais seul au montage et que personne ne me disait d’arrêter, j’ai encore réduit, puis encore réduit, et encore… Après ça, le film avait le rythme qui m’allait et il durait 90 minutes. Mais la scène de cul la plus longue fait quatre minutes et cinquante secondes. Et effectivement, on me l’a reproché car lorsque l’on regarde un film de cul, la première motivation c’est quand même de se palucher devant. J’ai refait du coup un montage différent avec des scènes de cul plus longues. Mais à part ça, c’est vrai qu’ Inkorrekt(e)s est rigolo comme tout ! Il est mignon ! X-Intime - Au contraire, dans French Beauty il y a une espèce de demi-heure centrale de pure folie, où ça n’arrête plus ! John B. Root - Dans ce film, ils mettent vingt minutes pour commencer à baiser. Mais quand ils commencent… X-Intime - La projection à la Vidéothèque de Paris, sur grand écran, était extraordinaire. On n’avait quasiment jamais vu ça. John B. Root - Ils baisent pas mal dans French Beauty. Ils baisent pas mal mais en même temps je trouve que ça baise mieux dans mes nouveaux films. C’est plus franc du collier. Dans Montre moi du rose, ça baise beaucoup. Mais dans French Beauty ça prend effectivement le temps de s’installer. X-Intime - Je revenais à ce film, French Beauty, car les dialogues ont un petit humour proche de Houellebecq. Or, j’ai eu vent d’une collaboration entre vous deux. Est-ce une simple rumeur ? John B. Root - Non, ce n’était pas un projet. Houellebecq a du, je pense, se branler sur mes films… Un jour, après Les Particules élémentaires, je lui envoie une lettre de fan pour lui dire à quel point j’avais trouvé ce bouquin remarquable. Il m’envoie en réponse une carte postale : « Salut John, merci pour ton gentil courrier, si je passe par Paris, etc. ». Pendant six mois, il m’envoie des cartes postales d’Espagne, où il vivait. Moi j’étais content de recevoir des cartes postales de Michel Houellebecq !… Un jour, il me téléphone et m’apprend qu’il est à Paris et qu’il passe me voir. Il passe ici et me donne un scénario à lire. Quand il repasse, il me demande ce que j’en ai pensé. Je lui dis que je n’aime pas et que je le trouve très inférieur au bouquin qui est métaphysique alors que le scénario est juste vaudevillesque. Il est resté ici une heure, à ne rien dire. C’est un grand silencieux. Il m’a parlé ensuite de quelques écrivains mais je n’ai jamais réussi à avoir une vraie conversation avec lui. Et on ne s’est jamais revu depuis. Je pense qu’il avait aimé French Beauty et qu’il m’a trouvé décevant, ou l’inverse… X-Intime - Peux-tu nous parler de JBR Médias ? John B. Root - Ici, c’est une petite boite, une épicerie de quartier. Il y a Arnaud, avec moi depuis dix ans, qui s’occupe de l’informatique, des sites, etc... Tu n’imagines pas le chantier informatique que c’est ici, avec tous les sites, les affiliés. C’est lui qui développe en ce moment Explicite-TV. Magali, derrière L’imac de gauche, qui s’occupe des affiliés, qui leurs donne du contenu toutes les semaines. Elle s’occupe également du traitement des photos, et c’est là aussi un boulot à plein temps. Moi je fais les photos mais je n’ai pas le temps de les retoucher, donc c’est Magali qui s’en charge et qui fournit de la photo et de la vidéo à tout le réseau affilié. Claire, qui n’est pas là aujourd’hui, est mon assistante vidéo, elle remonte les vidéos derrière moi, elle fait des compilations. Elle m’assiste également quand je tourne, elle m’aide à la caméra. Patrick, absent lui aussi aujourd’hui, s’occupe de l’administration. Puis il y a moi. On est donc cinq quand Patrick est là . X-Intime - Une semaine type, c’est quoi ? John B. Root - Il y a une journée de tournage par semaine. Et le reste du temps c’est plutôt calme. Moi en général je suis dans la cave en train de monter les vidéos. Magali traite les photos, Claire fait les programmes pour envoyer à la télé ou dans les DVD, Arnaud fait du code… On entend les mouches voler. Et les chiens aboyer ! C’est très sérieux, en fait. X-Intime - La recherche d’actrice te prend-elle du temps ? John B. Root - Plus maintenant depuis que John B. Root est connu. Quand une fille arrive et qu’elle a envie de s’amuser avec ses fesses, fatalement elle va téléphoner ici. Avant je passais des annonces dans des canards gratuits, mais ce n’est plus trop la peine : les filles se présentent spontanément, en envoyant un email avec photos. Parfois il m’arrive de chasser un peu parce que je recherche tel ou tel type de fille. Mais les filles les plus intéressantes que j’ai eues récemment, Jessie Volt, Faustine Karel, Penelope Tiger, Graziella Diamond que j’ai fait débuter, sont venues chez moi parce qu’elles connaissaient le site et ma réputation. C’est elles qui ont sonné à la porte. X-Intime - Y a-t-il des anecdotes, des choses récentes drôles ou réussies, qui font que tu es heureux de faire ce métier ? John B. Root - Moi je suis un garçon simple, je suis un artisan, donc je suis content quand je fais bien mon métier et que ça marche bien. Par exemple la semaine dernière avec Jessie Volt, ici dans le studio, j’ai hésité à le mettre en rose, me demandant si un studio rose ce n’est pas de trop, j’ai longuement réfléchi, et j’ai parfaitement réussi le shoot solo. Jessie a vu les photos et a adoré. Tu sais, tu mets l’œil dans l’appareil et tu la sens, la photo. Le soir, tu rentres et tu te dis que tu as bien fait ton métier. J’aimerais faire des choses plus compliquées, j’aimerais me remettre à faire des films. Je vais sans doute en faire un cet été pour Canal+, mais ça veut dire un film tous les deux ans. Du coup, je m’embête. Mon principal problème, c’est que je m’embête. Si j’avais plus d’argent, si Internet rapportait le double, je ne m’embêterais pas : je dépenserais cet argent en achetant de beaux décors, en allant shooter des filles à la montagne, en faisant mieux mon métier donc. Mais là je fais avec ce que j’ai… X-Intime - Et à l’inverse, une grosse lose récente, quelque chose qui ne s’est pas passé comme prévu ? John B. Root - Mon gros blues est quotidien. J’ai cinquante balais, je ne voudrais pas vieillir pornographe de gonzos sans budget. J’ai envie de m’éclater dans mon métier. Et mon métier, c’est écrire des histoires, faire des photos, faire de la vidéo, mettre de la musique dessus… Ce métier, je le fais bien, tu vois. Je voudrais que ce métier m’offre les moyens de faire des trucs qui m’amusent, des trucs vraiment chouettes. Ou alors je quitterai ce métier et j’irai m’amuser ailleurs, dans autre chose.
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