Synopsis : Dans son appartement de New York, une femme célibataire, Justine Jones, se désespère en songeant au vide de son existence. Elle déambule dans l’appartement et se caresse devant une glace mais sans éprouver le moindre plaisir. Elle finit par se suicider en s'ouvrant les veines dans son bain. Bien que toute sa vie ait été exemplaire, elle est alors damnée pour ce suicide et arrive en enfer où un employé du Diable est là pour l’accueillir. Tandis qu’elle contemple une allumette qui se consume entre ses doigts, elle réalise la gravité de son geste et l’ampleur de ce qu’elle a perdu. Elle supplie alors ce subordonné de la laisser revivre afin qu'elle puisse faire en sorte d'être condamnée à l'enfer pour de bonnes raisons. Le diablotin accepte et elle entreprend alors de rattraper le temps perdu en s'adonnant activement au stupre et à la fornication. Lors de son second décès, elle retourne en enfer où elle se retrouve enfermée dans une cellule avec un homme (interprété par Gérard Damiano lui-même) qui, malgré ses suppliques, refuse de la toucher. En effet, il ne s'intéresse qu'aux mouches volant dans la cellule car il attend le retour de Dieu sous cette forme.
Notre avis : Les mythes fondateurs Par Anthony S. Comme l’explique dans les bonus du DVD Jacques Zimmer, auteur de l’indispensable encyclopédie Le Cinéma X chez La Musardine, Gérard Damiano est le réalisateur de deux films essentiels : le premier, Gorge profonde, "un film phénomène" sur lequel on ne reviendra pas (contentons-nous ici des recettes du film : plus de 600 millions de dollars !). Le second qui nous intéresse ici, Devil in miss Jones, "un film fondateur". A plus d’un titre, d’ailleurs, puisque outre son important succès (sans commune mesure avec le précédent) et son budget confortable, Devil in miss Jones est avant tout le premier chef d’œuvre "officiel" du cinéma porno, en mettant bien entendu de côté les nuddies de Russ Meyer qui n’en font pas partie, un chef d’œuvre qui impose un véritable point de vue d’auteur puisant son inspiration dans les mythes sadiens (Justine) et Sartriens (la fin glaçante reprenant à son compte le célèbre "L’enfer, c’est les autres"). Fondateur également parce que les figures qu’il présente (notamment le parcours sexuel et initiatique, ici posthume, d’une jeune vierge) seront reprises, parfois jusqu’à écÅ“urement, par des centaines de scénaristes du X. Fondateur enfin parce qu’il se permet de représenter le sexe sous quasiment toutes ses formes, de la plus classique à la plus débauchée (la zoophilie), sans hésiter à le glorifier et à l’opposer à la vie solitaire et asexuée qui a pu amener la jeune Justine Jones à recourir en toute dernière extrémité au suicide, tout en le faisant passer au second plan dans un prologue qui ose s’étirer sur plus de vingt minutes. On l’aura compris, la vision, voir même l’achat, de Devil in miss Jones est absolument indispensable pour qui veut remonter au prémices du cinéma porno, et l’éditeur Wild Side créé ici doublement l’événement avec la sortie de ce film et d’un autre Damiano (Odyssey, the Ultimate trip) dans sa collection des Classiques de l’âge d’or du porno américain. Editeur : - Toutes les vidéos de Wild Side Edition DVD : Par Anthony S. Plusieurs acteurs et actrices (Sharon Mitchell, Richard Bolla, Jamie Gillis...) interviennent au cours d'un documentaire de 25 minutes environ, pour parler du défunt Gérard Damiano, de ses méthodes de tournage et surtout de son apport au monde du porno (l’un des acteurs expliquant par exemple qu’il acceptait volontiers de diviser son cachet habituel par deux sur les films de Damiano). Mais l’interview la plus intéressante reste celle de Jacques Zimmer, auteur de l’encyclopédie Le Cinéma X, qui parle des thèmes récurrents de l’œuvre du réalisateur, de ses débuts, de ses films suivants, etc. Un joli éclairage, en forme d’hommage, pour cet artiste du X qu’on aurait tôt vite fait de qualifier d’artisan et de cantonner au succès invraisemblable de Gorge profonde.
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